Les scientifiques... si scientifiques?
O rage, ô désespoir ... ô scandale, surtout...
Quand nous lisons, pour le bien-fondé de nos recherches académiques, des auteurs dans le domaine qui nous intéresse, nous aimons en général que ceux-ci s'expriment de façon décente et correcte. Un petit vernis d'autorité langagière, en même temps que conceptuelle, est toujours le bienvenu, d'habitude.
Aussi ai-je poussé mes hauts cris et tressailli lorsque je trouvai, dans l'ouvrage que je suis en train de décortiquer en ce moment et qui me semblait être l'exemple même d'une recherche bien menée:
Les tissus narratifs de la notalgie et du désir d'appartenance motivent le choix par les écrivains de personnages qui font face bonnant-mallant à l'aliénation de la vie quotidienne en France et qui rêvent de l'Afrique.
(Odile Cazenave, Afrique sur Seine. Une nouvelle génération d'écrivains africains à Paris, Paris, Harmattan, 2003, coll. Critiques littéraires, p. 40. Elle traduit un passage de B. Jules-Rossette.)
Ma première réaction: marche arrière... google... eh non. Malgré toute ma bonne volonté, ce n'est pas moi qui me trompe: "bonnant-mallant" reste inconnu du Trésor de la Langue française (autorité en ce domaine) et Google lui compte 134 occurrences (la plupart sur des forums o langaj chelou), contre 152 000 pour "bon an mal an"...
Et voilà, qu'en retranscrivant ma consternation du jour, je tombe sur la "notalgie" qui, finalement, peut bien passer presque discrètement à côté de l'autre (surtout qu'elle constitue sans doute la troisième ou quatrième coquille en une quarantaine de pages).
Après tout cela je me sens presque (indécemment) rassurée: comme quoi, même les autoritatifs se plantent. Mais avec un espoir et une prière aussi: Saints François de Sales et Saint Joseph de Cupertino, faites que je ne tombe pas dans ce genre de travers aux moments fatidiques des relectures que j'honnis tant moi-même...
Madame Odile Cazenave, vous dont j'admire le travail: de grâce, faites corriger les épreuves de la deuxième édition de votre ouvrage, si intéressant par ailleurs, ou votre mérite risque fort d'être injustement occulté par de méchantes langues orthographiantes (comme moi)!
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P.S.: Pour votre page "Culture" du jour: Saint François de Sales est le saint patron des écrivains, et Saint Joseph de Cupertino (ne me demandez pas qui c'est), celui des candidats aux examens - situation à laquelle pourrait s'apparenter une défense de thèse de doctorat, non?
Week-end Trip: a break to see the sea (3)
Some more pictures...
Week-end Trip: a break to see the sea (2)
After the walk we had the lobster dinner at Champlin's, a quite famous fish and seafood restaurant in Galilee, just next to the harbour. Actually, it's not really a restaurant but a kind of fisherman's diner... Have you ever had a whole 1 pound-lobster in a plastic plate?
Week-end Trip: a break to see the sea
This week-end we decided that we deserve a break. What is pretty cool here, is that after a 40min-ride you can be breathing the ocean air in front of Block Island. Here are some pictures taken on the East Beach, between Charlestown and Westerly. As you can see, the weather was beautiful - and maybe that's the decisive criteria making the difference with Brussels, where you can also reach the beach after a 40min-ride, but where the sky is somehow always grey...
European News Report #1: The multi-cultural issue
I've found an interesting debate on
Le Monde.
The French writer Pascal Bruckner wrote
En finir avec le multiculturalisme.
Or how to oppose the Anglo-Saxon and French models of cultural integration...
But more interesting is how other European intellectuals have stepped into the ring and posted
their answers.
Les aventures de Sidonie Lavande (2): Rôti de porc en mélange de recettes, purée perso
Bon, bon, d'accord, c'est promis: la prochaine fois je prends une photo de ma réalisation avant que l'on ne se jette dessus...
Aujourd'hui et hier: avis de tempête sur la Nouvelle-Angleterre ou quoi? Il a d'abord neigé, une nuit, puis plu toute la journée le lendemain. Ensuite, chute des températures pendant la nuit suivante. Résultat? Deux jours à patiner sur des plaques de glace et entre des mottes de neige glacée. Saison idéale pour déballer ses recettes de Comfort food en tous genres...
Nous nous sommes donc rabattus ce soir sur le rôti de porc, pour deux raisons: (1) c'est du comfort en plein; (2) encore plus important, c'est tout ce qu'il restait au congélateur et on n'avait plus trop envie de sortir patiner de nouveau. Deux raisons nécessaires et suffisantes, donc.
Rôti de porc en mélange de recettes
D'habitude, les cyber-cuisinières le font à la moutarde, à l'ancienne, à la moutarde et au miel ou aux champignons, avec du vin blanc, du thym et du laurier. Comme j'avais de tout cela en magasin, je me suis dit: ne soyons pas radins, allons-y avec de tout.
Cela donne (pour 6 pers.):
un rôti de porc de plus ou moins 1kg (2, 130 pounds)
de la moutarde (une avec des petits grains, c'est mieux)
du beurre (20gr cela suffit; cela dépend du gras de votre rôti)
du miel
des champignons (j'en ai mis 4 gros; ce qu'il restait au frigo, mais on peut en mettre plus)
un oignon moyen ou un demi gros oignon
1 verre de vin blanc sec
du thym, deux ou trois feuilles de laurier
crème fraîche
sel, poivre
1. Saler (peu) et poivrer le rôti. Faire dorer à la casserole le rôti entier, avec un peu de beurre. Il faut que tous les côtés soient un peu dorés; cela prend à peu près 5 min, selon la taille du rôti.
2. Préchauffer le four à 180°C (350°F). Hâcher l'oignon, couper les champignons en lamelles, mettre le tout dans un plat allant au four. Mettre dessus une toute petite tranche de beurre.
3. Tartiner le rôti avec la moutarde et le miel. Cela se fait selon le goût de chacun: comme on le devine, plus de moutarde = plus fort, plus de miel = plus sucré (sans blague). Par contre, c'est mieux de mettre le miel par-dessus la moutarde plutôt que le contraire: en cuisant, cela fera une petite croûte caramélisée. Déposer le rôti ainsi préparé sur le lit champignons/oignons, ajouter 3/4 de verre (à vin) de vin blanc. Saupoudrer de thym (ou déposer la branche) sur le rôti, mettre les feuilles de laurier dans le plat.
4. Enfourner. Laisser cuire une demi-heure par 500 gr à peu près. Vérifier la cuisson au bout d'une heure, en piquant avec un couteau. Il ne faut absolument pas laisser le rôti de porc trop longtemps, sinon il s'assèche et devient immangeable. Si vous piquez et qu'il y a du jus qui en sort et plus de sang, ou que le jus est encore légèrement rosé, c'est bon. Il faut le retirer quand le coeur est encore un peu rosé, car le rôti continue à cuire de l'intérieur quand vous le retirez du four. Pensez donc à le retirer à point si vous avez beaucoup de convives (on coupe tout et on mange en une fois), sinon sortez-le légèrement rosé (si on ne mange pas tout tout de suite et qu'on se ressert une demi-heure après, par exemple).
5. Une fois que le rôti est fait, sortir du four et mettre sur une planche/un plat. Mettre ce qu'il reste du plat du four dans une petite casserole. Chauffer. Ajouter une rasade de crème fraîche et ce qu'il reste de vin blanc. Rectifier au besoin l'assaisonnement. Faire bouillir, puis servir avec le rôti en tranches.
A noter que vous pouvez "dé-compiler" la recette et en faire, selon l'humeur: un rôti de porc à la moutarde, au miel et au thym (bon mélange), à la moutarde et au miel, aux champignons (ajouter alors du porto).
En accompagnement, on a eu des haricots verts et une purée de pommes de terre personnelle.
Il faut:
des pommes de terre
un oeuf
sel, poivre noir, muscade
un peu de beurre ou de margarine
fromage râpé (facultatif)
1. Peler, couper et faire cuire les pommes de terre dans de l'eau bouillante, avec une pincée de sel.
2. Réduire en purée. Claquer dedans un oeuf cru. Mélanger. Assaisonner, ajouter la muscade. Ajouter une noix de beurre ou de margarine et, selon le goût, un peu de fromage râpé. Bien mélanger. C'est prêt!
Labels: cuisine, pommes de terre, rôti
Pendant ce temps... nous faisons avancer la science!
A tous ceux qui douteraient (de bien mauvaise volonté) de notre immersion totale dans nos projets respectifs, voici un petit aperçu de mon quotidien de chercheuse en littérature.
Lu (et essayé de comprendre) aujourd'hui:
(...) C'est parce que l'invention fictionnelle ne peut constuire son univers qu'en utilisant la structure représentationnelle canonique et qu'en même temps elle met hors circuit la question de la référence transcendante qui est le corrélat fonctionnel de la relation de renvoi immanente, qu'elle ne peut pas ne pas comporter un élément de "comme si", de feintise. Pour expliciter cela, un exemple a précédé la phrase, à propos d'une histoire de licornes vues et de chevaux jamais vus.
Et l'auteur continue:
Et en effet, dans l'invention fictionnelle, ces référents posés de par la nature même de la représentation mentale ne sont pas la source causale de la représentation qui les construit - comme c'est le cas dans la représentation canonique - ni ne deviennent à leur tour une force causale susceptible de produire la réalité correspondante - comme c'est le cas dans la représentation en tant que cause intentionnelle de la production d'un objet.(Jean-Marie Schaeffer,
Pourquoi la fiction?, Paris, PUF, 1999, coll. Poétique, p. 155)
Maintenant, le premier d'entre vous qui a réussi à comprendre ces deux phrases en moins de deux minutes sans relire est invité à dîner (entrée-plat-dessert gastronomiques) chez nous dès notre retour en Europe - à nous faire savoir, explication 'décodée' à l'appui, via les commentaires...
La photo est celle de Stanisław Witkiewicz, dramaturge, peintre et théoricien de l'art polonais.
US News Report #7: News of Yale, from California or a Shower
Le "columnist" Peter Applebome parle de Yale, de ses petites habitudes que l'on décode et que l'on remarque, dans un article du New York Times.
Ou si vous voulez savoir comment marche le ragotage de petites histoires sur les plus grandes universités des Etats-Unis: les fameux Ivy League.
Une fois n'est pas coutume, j'en traduis une partie pour les non-anglophones qui en ont assez de ne comprendre que la moitié. Un peu long mais assez emblématique de la relation des Ivy League à la société américaine: on lorgne, on critique, on envie, en tout cas on en parle.
Même dans ces jours anciens où tous les journaux d'université n'avaient pas de "sex columnist", cela n'était pas très compliqué de susciter l'intérêt envers le comportement des étudiants universitaires.(...) Cette fascination reflète pour une grande part l'éternelle et envieuse assomption des adultes selon laquelle les étudiants s'amusent trop - et plus qu'eux ne l'ont fait. (...)
Ces jours-ci, en particulier dans des enceintes d'élite comme Yale, il semble presque qu'un petit n'importe quoi peut produire plus de nouvelles en-dehors du campus que dans celui-ci. Prenez l'histoire de Yale qui a tenu le plus longtemps l'année passée: un ancien diplomate taliban dans une université américaine. Bonne histoire. (...) Regardons le mois dernier. D'abord, il y a eu l'affreux incident de Nouvel An à San Francisco, où des membres d'un groupe cappella de Yale, les Baker's Dozen, ont dit avoir été attaqués après avoir chanté dans une soirée donnée en leur honneur. Un mois plus tard, avec l'enquête en suspens, cela fait toujours la une. C'est spécialement le cas à San Francisco, où les politiques locales, les allégations sur des insultes racistes et le comportement de la police sont devenus part de l'histoire. C'est également le cas sur Fox News, où toute histoire négative sur San Francisco ou Yale, ou sur les deux, marche bien en général.
Depuis, dans une affaire d'une moindre importance, Yale a touché involontairement un jackpot médiatique, après qu'un blog appelé IvyGate ait rapporté un courriel titillant et inattendu envoyé par le chef du Yale Calhoun College à ses résidents. Sous le sujet "Les cabines de douche sont faites pour se doucher", il s'en est pris gentiment à un couple non identifié, qui utiliserait régulièrement les douches pour des actes plus intimes que s'appliquer du savon sur une peau humide. "La nuit dernière, la douche a débordé et la salle de bain n'a pas pu être utilisée pendant 90 min.", écrit le chef de dortoir, soulevant ainsi plus d'interrogations qu'il en répond. Il ajoute: "Ceci peut être plaisant et excitant pour vous, mais c'est une violation des standards communautaires. Arrêtez, s'il vous plaît."
L'histoire a été rapportée sur la chaîne de media food (Fox) et sur internet. Sur un site conservateur, un étudiant de Yale, Dan Gelernter, a dit que l'histoire "reflétait le vide moral qui a été créé par les intellectuels à Yale", où "les étudiants semblent avoir été laissés sans même les lignes de conduite les plus basiques pour un comportement propre et décent." Très peu d'autres semblent avoir été choqués: un "posteur" a répondu que M. Gelernter aurait dû savoir quel genre d'endroit était Yale avant d'y aller. (...)
Pendant que cette histoire-là pétillait encore, une autre a été rapportée par le plus grand journal du Connecticut (l'état où se trouve New Haven, ville de Yale), le "Hartfort Courant": l'université a prévu d'enlever une peinture d'un homonyme de son nom, Elihu Yale, qui avait trôné pendant presque un siècle dans la salle où les actionnaires de l'université se réunissent. La peinture a été controversée, parce qu'elle montre Yale, un important marchand, servi par un serviteur noir qui porte un collier argenté autour de son cou. Elihu Yale n'était pas un propriétaire d'esclaves (comme l'était John C. Calhoun, qui a donné son nom au dortoir aux douches coquines). Mais la décision, après plusieurs années de discussion sur le rôle des propriétaires d'esclaves et des revenus issus de l'esclavage pendant les premières années de l'université, a semblé être encore une fois positionnée dangereusement dans le Fox-mètre (...).
Nick Summers, un diplômé de 24 ans de l'université de Columbia, qui était un fondateur de IvyGate en juillet dernier, a reconnu que beaucoup du contenu de son site relevait du comportement universitaire habituel, mais que la mention "à Harvard" ou "à Yale" rendait la chose piquante. Entre les deux, dit-il, Yale semble fournir le meilleur matériel, même dans une semaine où Harvard a choisi son premier président femme. "Yale étant moins prestigieux d'un chouia, les étudiants là semblent mieux ajustés, plus drôles et moins masochistes que les gosses d'Harvard", a dit M. Summers.
Sarah Mishkin, la rédactrice en chef du "Yale Daily News", a déclaré que l'intérêt pour Yale n'était pas surprenant, surtout dans une époque où moins de 10% des candidats sont acceptés. "Comme il y a plus de mystère sur comment entrer à Yale, il y a plus de curiosité sur ce que ce serait d'y être", dit-elle, ajoutant "Yale est un symbole pour d'autres choses dans la société américaine: l'élitisme, le privilège, l'excellence. Les gens sont obsédés par ces choses, et Yale est un mot en quatre lettres pour ces choses."
Tout de même, l'histoire la plus surprenante de Yale de la semaine dernière est une chute inattendue dans les candidatures: 19.060 cette année, pour 21.101 l'année passée. Les explications comprennent une éclipse momentanée, des potentiels candidats effrayés par le niveau d'acceptation très bas des Ivy League, ou peut-être, en partie, une réaction à la publicité répandue il y a un an sur l'acceptation d'un ancien diplomate taliban, Rahmatullah Hashemi.
Ms. Mishkin, une étudiante de troisième année de Manhattan, doute que l'histoire du taliban, qui a suscité l'ire des conservateurs, ait changé la vision de Yale de beaucoup de gens.
"Toute cette critique sur Yale qui est hors d'atteinte?", dit-elle. "Eh bien, oui. Ce n'est pas pour rien que nous sommes appelés une tour d'ivoire."
Labels: élitisme, Etats-Unis, université, Yale
Global Warming -- US "a small contributor"?
Some arguments are almost too indecent to be seriously made. Take the reaction of Samuel Bodman, US Secretary of Energy, to the report of the Intergovernmental Panel on Climate Change:
"We are a small contributor to the overall, when you look at the rest of the world, so it's really got to be a global solution."
Let's look at this again:
First, the United States is but a small contributor to the global warning. Sure, every industrialized countries shares in the blame. But it may be a useful reminder that the United States contributes about
26% of worldwide greenhouse gas emissions. The energy consumption per capita in the United States and Canada is about
twice as high as in comparably developed countries such as the UK or Germany. (See
here for a graph) A "small contributor"?
Second, "it's really got to be a global solution." Well, there we go. Let's see what we have to offer in terms of global solutions... What about the Kyoto Protocol? This Protocol to the United Nations Framework Convention on Climate Change (UNFCCC) now has 169 parties, representing roughly 62% of the world's emissions. Ratifying states have committed to reduce their emissions of carbon dioxide and five other greenhouse gases.
The flaws of the Protocol are well-discussed: China has obtained a questionable exemption relating to the calculation of its CO2 emissions; other states have tried to obtain carve-outs for their traditional heavy industries. Yet it is as close as we currently get to the "global solution" that Bodman called for. Either the administration is willing to reconsider the
decision not to proceed to a ratification of the protocol, or the Secretary's words ring with hollow hypocrisy.