Les dix choses qui m'ont le plus marquée cette année
Que l'année est passée vite! Nous seront déjà de retour en Europe le 19 juin.
Je n'ai pas posté aussi souvent que je l'aurais souhaité sur ce blog fait initialement pour recueillir nos impressions et commentaires de notre vie américaine. Cette fin d'année, le printemps, le petit vent fluet de la côte, tout ça, m'a cependant donné envie de vous faire partager mon top 10 des évènements qui m'ont marquée cette année, que ce soit dans notre vie personnelle, dans l'actualité, dans l'impression laissée, ou dans les changements que cela a impliqué dans notre façon de vivre.
1. - Le confort et (osons le dire) l'opulence de la vie de chercheuse sur un campus américain.
L'effort intellectuel, du meilleur, et aussi parfois du pire. Mais de façon générale, l'aisance avec laquelle les choses sont faites, tout simplement. La gentillesse du personnel qui m'a aidée avec grande compétence et une toute aussi grande serviabilité. Mon petit pécule de recherche que je ramène avec moi cette année, c'est à tout cela que je le dois aussi.
2. - Le pachtwork de la société américaine.
L'on discute souvent des différences entre les modèles d'intégration européen et américain. De la perception de l'immigration, là-bas et ici. Pour ce que j'en ai vu et expérimenté, je dirais que la société américaine est bien plus avancée sur l'intégration que ce que nous connaissons en Europe. Ce fait a sans doute des racines historiques: nation d'immigration construite sur le rêve américain du tout est possible d'une part, pays bâtis sur l'idée même de nation et un lourd passé colonial qui plombe les mémoires de l'autre. Le débat sur l'immigration aux Etats-Unis est loin d'atteindre une ouverture totale: pour preuve, les derniers avancements de la future loi sur le sujet qui est actuellement débattue au Congrès. Mais ici, le premier réflexe en voyant une minorité visible serait plutôt de penser à un XXXo-américain plutôt qu'à un primo arrivant analphabète en anglais, ce qui démontre déjà d'une certaine conception de l'Autre. Bien sûr, je simplifie. Les gens ont la fierté d'une communauté d'origine qui parfois remonte à quelques générations: un potentiel futur propriétaire de notre immeuble a été ravi d'apprendre à D. qu'il était allemand alors qu'il n'a pas appris la langue de son arrière-grand-père arrivé dans le pays (calculez vous-même l'époque), et il suffit de faire un tour à Federal Hill pour se rendre compte que le parler italien de la Sicile est encore bien vivant au comptoir à expresso de la principale épicerie. Percevoir la différence comme une vraie richesse est précieux.
3. - La gentillesse et la personnalité de R.
Corollaire du point 1, mais pas de moindre importance. Rencontrer une personnalité de ce milieu académique envers qui l'on éprouve de l'admiration et de la sympathie est toujours un événement appréciable en soi.
4. - Le mémorable Thanksgiving chez J.
J. et J. ont eu la gentillesse de nous inviter à festoyer avec leurs familles la plus inoubliable des fêtes familiales des Etats-Unis. Un délicieux pâté maison, une dinde aux dimensions de compétition avec toutes ses garnitures (mashed potatoes and sweet potatoes en tête), un plateau de fromage aux parfums d'ailleurs (ou maison, c'est selon d'où l'on vient), le tout conclu par une pumpkin pie au goût inconnu de moi jusque là... Nous avons beaucoup ri, discuté, joué aux jeux de société. Nous sommes arrivés à midi et sommes repartis à deux heures du matin. Nous nous sommes faits des amis inoubliables, ici. D'une générosité, d'une gentillesse et d'une richesse que je n'oublierai pas. Bon, d'accord, il y a certes quelques quarante minutes de cette soirée que j'ai zappées, endormie par le bon vin dans le canapé, mais le reste est bien gravé dans mes souvenirs heureux.
5. - La vie politique américaine
Entre coups de théâtre et rumeurs de démission, révélations par la presse d'inconvénientes impudeurs républicaines, élections passionnées et gagnées par les Démocrates et course à la future présidence, l'année aura été riche en actualité politique. Avec comme points d'orgue, la rencontre avec Bill Clinton (pour nous) et la méga-manifestation contre la guerre en Irak à Washington (pour ceux qui y auront été). Et aussi, l'écriture typique du New York Times, un mélange de doux-amer et de mordant qui peut aussi se lire lisse. Tout est passé à la loupe dans les médias, tout y est décortiqué, et les hommes politiques sont les premiers à le savoir et à en jouer.
6. - La diversité de la cuisine que l'on peut trouver dans des bui-buis (trous dans le mur) incroyables
Pour moins de $15, et si vous n'êtes pas trop à cheval sur le décorum, gageons que vous mangerez comme des rois les cuisines du monde entier. Nous avons expérimenté à fond les possibilités indiennes, latino et asiatiques près de chez nous et même plus loin. Notre palmarès? Dans le désordre:
- pour l'indien, Not just a snack tout près de chez nous ;
- pour le japonais, Haruki East ou Ichiban (encore meilleur mais plus loin, à Cranston);
- pour le chinois, le fameux "trou dans le mur" de Boston, King Fung Garden (ils n'ont pas de site internet), sur Kneeland Street;
- pour le mexicain, Chilangos Taqueria, près d'Atwells Avenue, ou Mi Guatemala, à un bloc de là, pour son churrasco (pas pour la déco ni la serveuse qui demande vingt fois "Did you like the food?");
- pour l'expérience américaine typique, il faut essayer le Johnny Rocket, sur Thayer Street, qui fait les hamburgers les plus gras que j'ai mangés de ma vie. Banquettes roses, milkshakes coca/crème, comptoir en métal, un diner qui vous ramène au temps de Brandon Walsh derrière le Pitch Pit (Beverly Hills 90210, pour le cas où vous auriez un trou de mémoire adolescente);
- mais aussi de très jolis et chics restaurants, même pas si chers, et très "nouvelle cuisine américaine": le 75 Chesnut (situé à Chesnut Street, Boston; joli décor) et New River, où D. m'a emmenée pour notre anniversaire.
7. - Ex-aequo: Boston, et surtout Back Bay. Et la beauté des paysages de Nouvelle Angleterre.
Vous pouvez, en quinze minutes, déambuler dans ses rues commerçantes qui font rêver les nostalgiques européens, prendre un café au Starbucks local, traverser des blocs de maisons anciennes, arriver au bord de la rivière Charles et regarder Cambrigde, en face. Vous pouvez bien sûr faire le même trajet en prenant votre temps. J'adore Boston.
Nous avons aussi profité de notre séjour pour visiter (pas assez, hélas) des endroits qui nous ont laissés pleins d'une beauté parfois insolite, mais toujours bienvenue: East Beach, Litchfield, la promenade le long de la côte de Newport, Martha's Vineyard, et notre presque habituelle promenade du bicycle path, qui passe au milieu de l'eau à East Providence, longe le port de Providence d'un côté et une belle nature de l'autre.
8. - L'élection présidentielle française, vue d'ici.
Un peu moins pitrerie que vue d'Europe? Je ne sais pas. Nous avons essayé d'assister aux soirées d'annonce des résultats, au premier tour et au second. Au premier tour, nous avons atterri au Graduate Lounge de Brown en compagnie d'un écran qui ne voulait rien savoir des connections par câble télé. L'audience se composait d'un Allemand, d'un Italien, d'une Belge (moi), d'une Sénégalaise, d'un Américain et d'un Français. Puis sont arrivés quelques autres Hexagonaux, histoire de renforcer le contingent. Le deuxième tour, nous avons eu comme compagnie B., dans un bâtiment de Harvard, et avons atterri à une fête organisée par le consulat français (ou quelque chose comme ça). Il était intéressant de voir aussi comment la presse voyait d'ici les élections françaises: loin de s'en désintéresser, elle tentait au contraire d'en expliciter les enjeux. Ségolène était épinglée pour ce qu'elle représentait (le parallèle avec Bachelet et Merkel était trop tentant pour s'en priver), mais aussi pour certaines de ses déclarations, notamment sur le drapeau dans l'armoire de la cuisine et en Chine. Sarkozy, que l'on pourrait croire apprécié ici, n'avait pas toutes les faveurs: on le situait conservateur (le mot "droite" n'a pas beaucoup été prononcé), ayant une certaine responsabilité dans l'embrasement des banlieues (le mot "scum" a été beaucoup cité, maintenant je sais comment on traduit racaille), et surtout un anglais à n'y rien comprendre malgré sa bonne volonté manifeste. Quant à Bayrou, un article plutôt élogieux a été trouvé dans le NYT à l'époque: il disait en bon anglais (il a de la famille aux US) que s'il était Américain, il serait du Montana, car il se sentait homme de la terre. Et sa position politique a aussi été saluée comme étant novatrice - adjectif auquel les deux autres n'ont pas eu droit, malgré tout le toutim entrepris en France pour s'en proclamer.
9. - Un vrai beau brunch, avec pancakes ou dim sums, au choix.
Brickway on Wickenden (bourré le dimanche) pour la version classique et Empire Garden, à Boston, pour la version dim sum. Le second vaut une visite: dans un décor d'ancien théâtre façon italienne revisité à la sauce kitch chinoise, une salle énorme et des serveurs poussant mille et un petits chariots où vous pouvez choisir ce que bon vous semble. C'était bon et vraiment pas cher. Ah, les brunchs du dimanche, ils vont me manquer à Bruxelles! Ce n'est pas là que nous pourrons trouver ne fut-ce qu'un lampion ouvert le dimanche!
10. - Pour résumer: nos cousins d'Amérique, toujours les mêmes, mais toujours différents.
Et c'est précisément de vivre dans cette similitu-différence qui m'a tant plu, lors de cette année ici. Bien sûr, je serai heureuse de retrouver Bruxelles, qui me manque tant, et puis les amis, la vie sociale de là-bas, ma famille... Mais quelles aventures insolites, quels fous rires, quels bonheurs quotidiens et inhabituels, quelles découvertes n'aurons-nous pas connus si nous n'avions pas décidé de venir ici! L'Amérique est un pays qui croit en ses rêves, et surtout en ce rêve de lui-même. Une chose que nous Européens (presque) blasés ferions mieux de mieux comprendre, au lieu d'en rire parfois avec bêtise.
Il y a tant de gens, connus et inconnus, auxquels je suis reconnaissante de cela.
Merci. Pour tout ce qui a rendu ce séjour inoubliable.
1 Comments:
J'approuve à 200% Th., que de beaux souvenirs!! Des endroits et des personnes qui me manquent déjà ...
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