Tout va bien en Belgique, zeg!
Gouvernement en panne (ou plutôt: plus de gouvernement!) depuis près de 200 jours maintenant, négociations qui tournent en bourrique, augmentation du prix du blé, froid et hiver qui approchent, hostilité entre les deux principales communautés du pays,... qu'ajouter pour vous persuader que tout va bien au Royaume de Belgique?
Pour ajouter de l'absurdité au surréalisme déjà largement ambiant, ne voilà-t-il pas la version parodiquement contraire de la grève des étudiants dans les facs françaises: les files d'attente des parents d'élèves devant les écoles de la Communauté française!
Je m'explique, car en soi vous ne verrez peut-être pas tout de suite en quoi faire la file devant une école relève de l'absurde. Ou plutôt, non: regardez cette petite vidéo tout aussi éloquente.
Cette école dont il est question dans la vidéo, c'était mon ancienne école. L'un des collèges les plus "huppés" (encore qu'on se demande comment on peut être "plus huppé" en étant financé par des deniers publics), les plus "prisés" ou les plus "cotés" de la capitale, selon les expressions journalistiques. Elle est donc assiégée depuis hier (mercredi) matin par des parents d'élèves de 11 à 12 ans, voulant inscrire leurs enfants en 1re secondaire pour l'année scolaire 2008-2009, qui font littéralement du camping (thermos, couvertures, tentes) devant la porte de l'école.
Un décret de la Communauté française, entré en vigueur pour cette année, stipule en effet que, par souci d'équité envers les élèves et pour empêcher la sélection "sociale" dans certaines écoles, tous les établissements de l'enseignement secondaire ne pourront accepter les inscriptions en 1re secondaire qu'à partir du 30 novembre précisément, et par ordre d'arrivée des inscriptions. Il existe quelques exceptions: ceux qui viennent d'une école primaire liée, ceux qui ont un frère ou une soeur dans l'école secondaire, et quelques autres cas du même acabit. Ceci était à l'origine fait pour éviter un écueil à l'inscription rencontré dans de nombreuses écoles dites réputées: la liste d'inscription qui était bouclée jusqu'à des années à l'avance.
Sauf qu'après décret, je ne vois pas très bien en quoi cela modifie la situation. La ministre-présidente de la Communauté française, Marie Arena, entend par cette mesure (et d'autres, reconnaissons-le-lui) lutter contre l'inégalité du niveau dans l'enseignement. En quoi est-ce que voir ce triste spectacle de parents faisant la file jusque 48h à l'avance devant une école, et y passer des nuits, lutte-il contre l'inégalité? Ceux qui ont accès à l'information (qu'il faudra faire la file) et possèdent les moyens (il paraît qu'un étudiant payé pour passer la nuit dans la file se négocie autour de 500 euros) seront toujours privilégiés dans cette bataille-là.
Apparemment tout le monde s'accorde à dire que le problème de l'enseignement en Communauté française n'est pas qu'il y ait de bonnes écoles, mais que d'autres ne soient pas aussi bonnes. Alors, il faudra qu'on m'explique pourquoi est-ce que nous nous retrouvons avec un décret qui a tout l'air de stigmatiser les "bonnes" écoles car elles sont d'office suspectées de faire de la sélection à l'entrée, et par ricochet, reprocherait presque aux parents de vouloir inscrire leurs enfants dans une "bonne" école.
Donnez réellement les moyens aux écoles pour rehausser le niveau de leur enseignement, Madame Arena: des moyens pédagogiques, une revalorisation du salaire professoral, des outils didactiques pertinents et adéquats, et surtout, ne plus pondre tous les 5 ans un programme, un contrat ou une ébauche de décret qui bouleverse ce qui se faisait avant tout en n'ayant aucune vision à long terme. Alors vous aurez une meilleure égalité: les parents voudront inscrire indifféremment leur enfant à St-Michel ou à l'école deux rues plus loin.
Ce n'est pas la peine, en attendant, de les obliger à renoncer à une certaine dignité, en leur faisant faire la file dans le froid emmitouflé et SDF pour deux nuits. C'est quand même beaucoup pour ce qui devrait être un droit: inscrire son enfant à l'école de son choix.
Pour ajouter de l'absurdité au surréalisme déjà largement ambiant, ne voilà-t-il pas la version parodiquement contraire de la grève des étudiants dans les facs françaises: les files d'attente des parents d'élèves devant les écoles de la Communauté française!
Je m'explique, car en soi vous ne verrez peut-être pas tout de suite en quoi faire la file devant une école relève de l'absurde. Ou plutôt, non: regardez cette petite vidéo tout aussi éloquente.
Cette école dont il est question dans la vidéo, c'était mon ancienne école. L'un des collèges les plus "huppés" (encore qu'on se demande comment on peut être "plus huppé" en étant financé par des deniers publics), les plus "prisés" ou les plus "cotés" de la capitale, selon les expressions journalistiques. Elle est donc assiégée depuis hier (mercredi) matin par des parents d'élèves de 11 à 12 ans, voulant inscrire leurs enfants en 1re secondaire pour l'année scolaire 2008-2009, qui font littéralement du camping (thermos, couvertures, tentes) devant la porte de l'école.
Un décret de la Communauté française, entré en vigueur pour cette année, stipule en effet que, par souci d'équité envers les élèves et pour empêcher la sélection "sociale" dans certaines écoles, tous les établissements de l'enseignement secondaire ne pourront accepter les inscriptions en 1re secondaire qu'à partir du 30 novembre précisément, et par ordre d'arrivée des inscriptions. Il existe quelques exceptions: ceux qui viennent d'une école primaire liée, ceux qui ont un frère ou une soeur dans l'école secondaire, et quelques autres cas du même acabit. Ceci était à l'origine fait pour éviter un écueil à l'inscription rencontré dans de nombreuses écoles dites réputées: la liste d'inscription qui était bouclée jusqu'à des années à l'avance.
Sauf qu'après décret, je ne vois pas très bien en quoi cela modifie la situation. La ministre-présidente de la Communauté française, Marie Arena, entend par cette mesure (et d'autres, reconnaissons-le-lui) lutter contre l'inégalité du niveau dans l'enseignement. En quoi est-ce que voir ce triste spectacle de parents faisant la file jusque 48h à l'avance devant une école, et y passer des nuits, lutte-il contre l'inégalité? Ceux qui ont accès à l'information (qu'il faudra faire la file) et possèdent les moyens (il paraît qu'un étudiant payé pour passer la nuit dans la file se négocie autour de 500 euros) seront toujours privilégiés dans cette bataille-là.
Apparemment tout le monde s'accorde à dire que le problème de l'enseignement en Communauté française n'est pas qu'il y ait de bonnes écoles, mais que d'autres ne soient pas aussi bonnes. Alors, il faudra qu'on m'explique pourquoi est-ce que nous nous retrouvons avec un décret qui a tout l'air de stigmatiser les "bonnes" écoles car elles sont d'office suspectées de faire de la sélection à l'entrée, et par ricochet, reprocherait presque aux parents de vouloir inscrire leurs enfants dans une "bonne" école.
Donnez réellement les moyens aux écoles pour rehausser le niveau de leur enseignement, Madame Arena: des moyens pédagogiques, une revalorisation du salaire professoral, des outils didactiques pertinents et adéquats, et surtout, ne plus pondre tous les 5 ans un programme, un contrat ou une ébauche de décret qui bouleverse ce qui se faisait avant tout en n'ayant aucune vision à long terme. Alors vous aurez une meilleure égalité: les parents voudront inscrire indifféremment leur enfant à St-Michel ou à l'école deux rues plus loin.
Ce n'est pas la peine, en attendant, de les obliger à renoncer à une certaine dignité, en leur faisant faire la file dans le froid emmitouflé et SDF pour deux nuits. C'est quand même beaucoup pour ce qui devrait être un droit: inscrire son enfant à l'école de son choix.