Freedom of speech or freedom of parody?
Dans quel monde vivons-nous...
Tintin maintenant fricote avec des dames pulpeuses, Natasha se fait manger par des rats sous sa culotte (vu dans un album d'hommage à Waltéry... qui m'a traumatisée!)... et Prison Break devient Prison Biesse, ou les aventures d'un Baraqui en dialecte wallo-liégeois.
Je ne suis pas particulièrement fan de la série américaine made in Fox, qui véhicule une conception du self-law-and-order un brin trop... dans l'esprit Fox pour moi, disons. Par contre, l'adaptation, postée sur YouTube pour le plus grand bonheur des potaches en tous genres, m'a fait bien rire. Apparemment, cela n'a pas été le cas des dirigeants de la Fox, puisqu'ils ont réussi à faire supprimer la vidéo. A se demander: 1. Comment, mais comment ont-ils eu connaissance d'une obscure vidéo postée sur YouTube par un rigolo Wallon?; 2. S'ils ont seulement compris l'humour belge, voire le dialecte wallo-liégeois. Remarquez, moi non plus je ne pratique pas le wallo-liégeois. Cela ne devrait pas empêcher de rire de la caricature.
Caricature: le mot est lancé. Notre société de l'information hyper-speedée et de la communication à tout va semble avoir quelques difficultés, ces derniers temps, à se situer de façon adéquate par rapport à cette notion. Les frontières sont minces, les tenants des différents arguments nombreux: jusqu'où peut aller la liberté de caricaturer sans tomber dans la diffamation? Jusqu'où peut-on détourner de son intention originale une oeuvre d'auteur, jusqu'où peut-on faire oeuvre soi-même (ou simplement parodier pour faire rire) sans empiéter sur les droits d'auteur des autres? Liberté d'expression et liberté d'interprétation se cognent ici aux principes de droit que mérite tout créateur, et à fortiori au respect des croyances et sensibilités d'autrui.
Ecrivant les mots "croyance" et "liberté d'expression", le débat s'aiguillera vite vers la question des caricatures du Prophète dans les pays scandinaves. L'on se souviendra des émois de part et d'autre lors de la flambée de réactions à ce sujet.
Exploitation commerciale de Prison Biesse? Zéro. Le rire est gratuit, messieurs de la Fox. Ridiculiser une série est permis, ne vous en déplaise et n'en déplaise à vos royalties. Et puis, il y a une question d'éducation, là derrière: sinon, comment les jeunes générations connaitraient les émissions qui ont fait l'histoire de la télévision, les Dallas, Derrick (euh.. oui eux on les diffuse encore), Goldorak, Bioman et autres club-dorothée-ries?
Cette histoire-là a d'ailleurs des antécédents historiques: comment connaitrions-nous la façon dont certains voyaient les oeuvres classiques et le discours officiel asséné depuis l'Antiquité jusqu'aux Temps modernes, en passant par le Moyen Age, si Scarron n'avait pas été là pour parodier Virgile, Rabelais pour parodier les discours scolastiques (et beaucoup d'autres discours!), Cervantès les romans de chevalerie? Cela ne nous aurait-il pas privés d'un autre regard sur des oeuvres que l'on a eu tendance à canoniser, selon des critères que les générations suivantes ne comprenaient plus?
Oui à la parodie, donc, c'est la réappropriation d'oeuvres où l'on est censé voir clairement l'original (et son auteur) en filigrane. L'histoire de la littérature et des arts en général aurait été tronquée de la moitié de son intérêt, s'il n'y avait eu des appropriateurs de discours et de représentations d'autrui.
Oui à la liberté d'expression, c'est un fondamental, devrait-on encore avoir à s'en justifier?
Mais non à ceux qui, sous prétexte de droits commerciaux, ont beau jeu de vouloir freiner des représentations qui nuiraient à l'exploitation de leur image de marque.
Non à ceux qui, sous prétexte de respect des personnes, cherchent à entraver le respect que nous devrions tous avoir envers une liberté d'expression réfléchie.
Et non, certainement, à ceux qui ne cherchent, au final, qu'à véhiculer, pour une raison ou une autre, les visions du monde qui leur conviennent. Il ne s'agit plus alors de droits, il s'agit de censure.
PS.- Pour Natasha mangée par les rats à partir de l'intérieur, je ne me prononce pas... Il y a peut-être là le paramètre protection des âmes sensibles qui devrait aussi intervenir.
Tintin maintenant fricote avec des dames pulpeuses, Natasha se fait manger par des rats sous sa culotte (vu dans un album d'hommage à Waltéry... qui m'a traumatisée!)... et Prison Break devient Prison Biesse, ou les aventures d'un Baraqui en dialecte wallo-liégeois.
Je ne suis pas particulièrement fan de la série américaine made in Fox, qui véhicule une conception du self-law-and-order un brin trop... dans l'esprit Fox pour moi, disons. Par contre, l'adaptation, postée sur YouTube pour le plus grand bonheur des potaches en tous genres, m'a fait bien rire. Apparemment, cela n'a pas été le cas des dirigeants de la Fox, puisqu'ils ont réussi à faire supprimer la vidéo. A se demander: 1. Comment, mais comment ont-ils eu connaissance d'une obscure vidéo postée sur YouTube par un rigolo Wallon?; 2. S'ils ont seulement compris l'humour belge, voire le dialecte wallo-liégeois. Remarquez, moi non plus je ne pratique pas le wallo-liégeois. Cela ne devrait pas empêcher de rire de la caricature.
Caricature: le mot est lancé. Notre société de l'information hyper-speedée et de la communication à tout va semble avoir quelques difficultés, ces derniers temps, à se situer de façon adéquate par rapport à cette notion. Les frontières sont minces, les tenants des différents arguments nombreux: jusqu'où peut aller la liberté de caricaturer sans tomber dans la diffamation? Jusqu'où peut-on détourner de son intention originale une oeuvre d'auteur, jusqu'où peut-on faire oeuvre soi-même (ou simplement parodier pour faire rire) sans empiéter sur les droits d'auteur des autres? Liberté d'expression et liberté d'interprétation se cognent ici aux principes de droit que mérite tout créateur, et à fortiori au respect des croyances et sensibilités d'autrui.
Ecrivant les mots "croyance" et "liberté d'expression", le débat s'aiguillera vite vers la question des caricatures du Prophète dans les pays scandinaves. L'on se souviendra des émois de part et d'autre lors de la flambée de réactions à ce sujet.
Exploitation commerciale de Prison Biesse? Zéro. Le rire est gratuit, messieurs de la Fox. Ridiculiser une série est permis, ne vous en déplaise et n'en déplaise à vos royalties. Et puis, il y a une question d'éducation, là derrière: sinon, comment les jeunes générations connaitraient les émissions qui ont fait l'histoire de la télévision, les Dallas, Derrick (euh.. oui eux on les diffuse encore), Goldorak, Bioman et autres club-dorothée-ries?
Cette histoire-là a d'ailleurs des antécédents historiques: comment connaitrions-nous la façon dont certains voyaient les oeuvres classiques et le discours officiel asséné depuis l'Antiquité jusqu'aux Temps modernes, en passant par le Moyen Age, si Scarron n'avait pas été là pour parodier Virgile, Rabelais pour parodier les discours scolastiques (et beaucoup d'autres discours!), Cervantès les romans de chevalerie? Cela ne nous aurait-il pas privés d'un autre regard sur des oeuvres que l'on a eu tendance à canoniser, selon des critères que les générations suivantes ne comprenaient plus?
Oui à la parodie, donc, c'est la réappropriation d'oeuvres où l'on est censé voir clairement l'original (et son auteur) en filigrane. L'histoire de la littérature et des arts en général aurait été tronquée de la moitié de son intérêt, s'il n'y avait eu des appropriateurs de discours et de représentations d'autrui.
Oui à la liberté d'expression, c'est un fondamental, devrait-on encore avoir à s'en justifier?
Mais non à ceux qui, sous prétexte de droits commerciaux, ont beau jeu de vouloir freiner des représentations qui nuiraient à l'exploitation de leur image de marque.
Non à ceux qui, sous prétexte de respect des personnes, cherchent à entraver le respect que nous devrions tous avoir envers une liberté d'expression réfléchie.
Et non, certainement, à ceux qui ne cherchent, au final, qu'à véhiculer, pour une raison ou une autre, les visions du monde qui leur conviennent. Il ne s'agit plus alors de droits, il s'agit de censure.
PS.- Pour Natasha mangée par les rats à partir de l'intérieur, je ne me prononce pas... Il y a peut-être là le paramètre protection des âmes sensibles qui devrait aussi intervenir.