Belgique, België, Belgien...
Les rebondissements politiques de ces derniers temps ne sont guère folichons en Belgique...
Il y a quelque chose de très déstabilisant de vivre dans un pays où, clame-t-on, 70% des personnes veulent encore d'une Belgique... ce qui sous-entend que 30% n'en veulent pas (est-ce que 30% de la population française, américaine ou allemande remettent régulièrement en cause l'existence même de la France, des Etats-Unis ou de l'Allemagne? Tout en prétendant parler pour la majorité du pays?). Mais ceux que l'on entend, en ces jours sans gouvernement qui se prolongent depuis mi-juin, ce sont précisément ces 30% là. Les Flamands disent ne pas comprendre les francophones. Les francophones, si vous voulez mon humble avis, ne comprennent que trop bien les implications que pourraient avoir les revendications flamandes, et ne comprennent pas à leur tour en quoi leurs revendications peuvent choquer les Flamands... Bref, c'est l'impasse.
Un ami me confiait récemment qu'en tant que Bruxellois francophone, il se sentait de plus en plus comme le Juif errant, toujours en proie à ce sentiment d'appartenir à une minorité qui devrait se faire toute petite.
En arriver à se poser la question: "Qu'est-ce qui unit encore ce pays?" est en soi déjà effarante. En arriver à douter du positif qu'apporte la réponse l'est encore plus. Nous vivons dans un pays où se côtoient tous les jours des personnes d'origine italienne, marocaine, turque, kurde, portugaise, asiatique, latino-américaine... Nous avons une ministre présidente de Communauté française d'origine italienne, une ministre communautaire d'origine marocaine, des parlementaires d'origine marocaine, turque, congolaise, grecque... Tout ne se passe pas toujours de manière naïvement parfaite, mais nous serions incapables, tout en valorisant cette diversité (car je ne veux pas croire que les séparatistes soient tous forcément racistes), de vivre avec ceux qui ont été nos voisins pendant des siècles? Bien sûr, le "nous", dans mon chef, ne prend ni le parti francophone ni le parti flamand, car si je suis francophone de Bruxelles, je ne m'identifie pas pour autant plus facilement à la culture ardennaise qu'à celle de la côte belge.
Il y a quelque chose de très déstabilisant de vivre dans un pays où, clame-t-on, 70% des personnes veulent encore d'une Belgique... ce qui sous-entend que 30% n'en veulent pas (est-ce que 30% de la population française, américaine ou allemande remettent régulièrement en cause l'existence même de la France, des Etats-Unis ou de l'Allemagne? Tout en prétendant parler pour la majorité du pays?). Mais ceux que l'on entend, en ces jours sans gouvernement qui se prolongent depuis mi-juin, ce sont précisément ces 30% là. Les Flamands disent ne pas comprendre les francophones. Les francophones, si vous voulez mon humble avis, ne comprennent que trop bien les implications que pourraient avoir les revendications flamandes, et ne comprennent pas à leur tour en quoi leurs revendications peuvent choquer les Flamands... Bref, c'est l'impasse.
Un ami me confiait récemment qu'en tant que Bruxellois francophone, il se sentait de plus en plus comme le Juif errant, toujours en proie à ce sentiment d'appartenir à une minorité qui devrait se faire toute petite.
En arriver à se poser la question: "Qu'est-ce qui unit encore ce pays?" est en soi déjà effarante. En arriver à douter du positif qu'apporte la réponse l'est encore plus. Nous vivons dans un pays où se côtoient tous les jours des personnes d'origine italienne, marocaine, turque, kurde, portugaise, asiatique, latino-américaine... Nous avons une ministre présidente de Communauté française d'origine italienne, une ministre communautaire d'origine marocaine, des parlementaires d'origine marocaine, turque, congolaise, grecque... Tout ne se passe pas toujours de manière naïvement parfaite, mais nous serions incapables, tout en valorisant cette diversité (car je ne veux pas croire que les séparatistes soient tous forcément racistes), de vivre avec ceux qui ont été nos voisins pendant des siècles? Bien sûr, le "nous", dans mon chef, ne prend ni le parti francophone ni le parti flamand, car si je suis francophone de Bruxelles, je ne m'identifie pas pour autant plus facilement à la culture ardennaise qu'à celle de la côte belge.
La complexité de notre état fédéral et de nos institutions, fruit d'équilibres politiques savamment calculés et négociés, empêche parfois bon nombre de personnes de comprendre le fonctionnement des choses, et surtout de comprendre pourquoi diable il a fallu un échaffaudage aussi compliqué pour faire tenir cet Etat créé en 1830. Cet échaffaudage permet, en réalité, de préserver les susceptibilités de chaque communauté linguistique (à partir de l'idée de la légitimité d'une communauté linguistique en tant que représentant d'un "peuple" basé sur une appartenance culturelle unique, flamande ou francophone). Le remarchandage des compétences actuellement demandé, et même exigé, risque de remettre à plat et de vider encore un peu plus l'état fédéral de sa substance.
Je suis Belge francophone vivant à Bruxelles. J'ai appris le néerlandais en toute bonne foi, même si je ne le parle pas aussi couramment que je le voudrais. J'aime l'atmosphère des villes flamandes, et j'ai fait comme beaucoup de multiples descentes de Lesse et escapades en Ardennes. C'est drôle, mais je connais pas mal de Belges qui sont dans le même cas, même si vous invervez les termes "francophone" et "néerlandais" avec "néerlandophone" et "français" dans ma description. J'ai eu l'occasion dans mes études et au boulot de sympathiser avec des Flamands, tout comme j'ai eu l'occasion de rencontrer et de sympathiser avec d'autres personnes francophones venant de Wallonie. Et je suis sans doute un peu naïve, un peu trop optimiste, comme beaucoup d'autres Belges qui veulent "encore y croire", mais je ne comprends pas toujours comment nous avons pu arriver à une situation aussi totale de blocage, où deux communautés à fondement linguistique sont aussi dressées les unes contre les autres. Car au fond, même si cette division a des racines historiques connues et reconnues, notre identité ne peut être que linguistique, non?
Au final, je ne peux pas croire non plus qu'il y ait aussi peu de Flamands vivant à Bruxelles ou en Wallonie, de Flamands qui ont eu des parents francophones (n'est-ce pas Meneer Leterme), de Wallons ayant décidé de vivre en Flandre, de francophones ayant des ascendances flamandes, des germanophones (on les oublie trop, ceux-là) qui ne sont ni l'un ni l'autre, de Bruxellois qui se sentent des deux et surtout Bruxellois, de Bruxellois qui se sentent des deux et peut-être surtout l'un des deux, des Belges qui se sent des deux... enfin, des Flamands et des francophones qui se sentent BELGES.
Je suis Belge francophone vivant à Bruxelles. J'ai appris le néerlandais en toute bonne foi, même si je ne le parle pas aussi couramment que je le voudrais. J'aime l'atmosphère des villes flamandes, et j'ai fait comme beaucoup de multiples descentes de Lesse et escapades en Ardennes. C'est drôle, mais je connais pas mal de Belges qui sont dans le même cas, même si vous invervez les termes "francophone" et "néerlandais" avec "néerlandophone" et "français" dans ma description. J'ai eu l'occasion dans mes études et au boulot de sympathiser avec des Flamands, tout comme j'ai eu l'occasion de rencontrer et de sympathiser avec d'autres personnes francophones venant de Wallonie. Et je suis sans doute un peu naïve, un peu trop optimiste, comme beaucoup d'autres Belges qui veulent "encore y croire", mais je ne comprends pas toujours comment nous avons pu arriver à une situation aussi totale de blocage, où deux communautés à fondement linguistique sont aussi dressées les unes contre les autres. Car au fond, même si cette division a des racines historiques connues et reconnues, notre identité ne peut être que linguistique, non?
Au final, je ne peux pas croire non plus qu'il y ait aussi peu de Flamands vivant à Bruxelles ou en Wallonie, de Flamands qui ont eu des parents francophones (n'est-ce pas Meneer Leterme), de Wallons ayant décidé de vivre en Flandre, de francophones ayant des ascendances flamandes, des germanophones (on les oublie trop, ceux-là) qui ne sont ni l'un ni l'autre, de Bruxellois qui se sentent des deux et surtout Bruxellois, de Bruxellois qui se sentent des deux et peut-être surtout l'un des deux, des Belges qui se sent des deux... enfin, des Flamands et des francophones qui se sentent BELGES.
Je vous le disais: vivre dans un état où certains politiques (qui représentent quand même une frange de la population) s'égosillent à vouloir vous faire croire qu'il vaut mieux pour vous que cet état n'existe plus, c'est déstabilisant.